Et si on essayait de faire fuir les piqueurs de l’été ?

MOUSTIQUES

INSECTESIls sont partout dans le monde, disséminent des maladies parfois dangereuses (paludisme, dengue, chikungunya, fièvres …

Ils ont très mauvais goût, surtout attirés par les gouttes de sueur, les eaux stagnantes. Ils n’aiment pas les odeurs fraîches, aromatiques, citronnées.

Leurs piqûres à répétition entraînent des réflexes inconsidérés parfois, des pulvérisations en masses de produits chimiques insecticides (de la famille des pyréthrinoïdes) mais aussi perturbateurs immunologiques, endocriniens et possibles cancérogènes en puissance.

Les luttes peuvent être indirectes et naturelles avec des plantes odorantes autour de soi, sur les fenêtres avec du basilic, de la citronnelle, du géranium, de la verveine exotique

MAIS il y a une plante qui a attiré l’intérêt des chercheurs du monde entier par l’étendue de ses propriétés médicinales et antiparasitaires.NEEM

Traditionnellement utilisée il y a des milliers d’années dans les médecines ayurvédiques et indiennes, puis en homéopathie, elle était connue pour son art à débarrasser le corps de toutes les formes parasitaires internes ou externes, car ses extraits hormono-mimétiques interfèrent avec le cycle de vie des parasites et inhibent ainsi leur capacité à se nourrir et de ce fait à se reproduire.

Il a fallu attendre le XXème siècle pour que les remarques d’un entomologiste allemand soient prises en considération et que cet arbre « pharmaceutique » sorte de l’ombre et s’inscrive dans les connaissances des occidentaux.

Des pistes pour trouver ?

Si ses feuilles et ses usages internes sont moins connus en occident, son huile par contre est utilisée, elle est riche en acide oléique et en un terpénoïde aux remarquables propriétés insecticides.

Le NEEM (Azadirachta indica), que l’on nomme également en français azadira d’Inde, margousier, azidarac.

C’est un arbre qui appartient à la famille des Méliacées, cultivé ou sauvage il n’est pas difficile pour la qualité des sols, ni pour l’altitude. Il aime les fortes chaleurs mais supporte des températures inférieures à 5°C.

On le trouve principalement en Inde, en Indonésie, en Malaisie, en Afrique, Australie, Antilles et Amérique tropicale.

FEUILLES DE NEEMToutes les parties de cet arbre sont valorisées pour la médecine traditionnelle, il représente à lui seul la « pharmacie » de certains villages éloignés du monde économique.

Feuilles, fleurs, fruits, graines, racines et écorces permettent de traiter les inflammations, les infections, les maladies de peau.

C’est un arbre dont la taille varie de 5 à 30 mètres selon la zone géographique d’accueil, au feuillage persistant et imparipenné, les fleurs forment des panicules blanchâtres disposées en grappes descendantes, le fruit est une drupe ellipsoïde lisse, jaune verdâtre à maturité, d’environ 2 cm de long.

Il contient une pulpe sucrée renfermant une graine. La graine est composée d’une coque et d’un noyau (parfois jusqu’à 3 noyaux).

C’est le noyau qui est le plus utilisé dans la lutte antiparasitaire.

Plus de 150 de ses constituants jouent un rôle d’immunomodulateurs, d’antimicrobiens, d’antipaludéens, d’antiinflammatoires et semble-t-il d’antimutagènes.

Quels sont les actifs des différentes parties exploitables de cet arbre ?

Les feuilles contiennent des ingrédients insecticides mais de plus faible efficacité que la graine, elles sont constituées entre autres de terpènes, de flavonoïdes (nimbidine, quercétine …). Elles sont traditionnellement consommées sous forme de thé. Elles peuvent parfois être utilisées comme fourrage de réserve pour des chameaux, des chèvres, des moutons. Bien que très amères, elles apportent une forte valeur nutritionnelle avec 15% de protéines.

Par contre, il est essentiel de ne pas confondre les feuilles de Neem avec celles de Mélia (Melia azedarach) toxiques pour la consommation (humaine et animale), celles-ci ne peuvent être utilisées qu’en usage externe en suivant les prescriptions de la pharmacopée, ou bien en épandage agricole dans les pays l’autorisant.

L’écorce de l’arbre, le bois, les racines comprennent les tannins astringents et une multitude de triterpénoïdes complexes.

Les petites fleurs, futurs fruits possèdent un parfum très attirant pour les abeilles. Ces fleurs mellifères donneraient un miel délicat qui ne comporterait pas d’azadirachtine.

Le fruit : un arbre peut en produire entre 20 et 50 Kg par an, soit entre 4000 et 5000 graines par kg pour un arbre à maturité. L’amande du fruit contient entre 40 et 50% d’huile.

L’acides gras les plus important dans l’huile est l’acide oléique (52-62%). Mais la fraction insaponifiable de l’huile renferme aussi des terpénoïdes potentiellement actifs et en quantités non négligeables. Le plus intéressant est l’azadirachtine A, mais on trouve également de la nimbine, nimbidine, azadiraone …

AZADIRACHTINEMais qui est donc cette azadirachtine ?

 

 

 

 

En appellation chimique, on va dire que c’est un tetranortriterpénoïde fortement oxydé, en simplifiant on peut décrire cette molécule comme un métabolite secondaire du Neem (mais aussi du Mélia) que l’on ne peut synthétiser au vu de sa complexité.

C’est le composé le plus actif contre les insectes (plus de 400 espèces) incluant aussi les mouches, les fourmis, les criquets, les pucerons, les guêpes, les poux …

Il semble que l’extrait de Neem (azadirachtine) permettent de limiter la ponte des acariens, de repousser les herbivores, de protéger les cultures de céréales et légumes secs.

Pour obtenir un extrait d’azadirachtine, il faut pratiquer une extraction en phase aqueuse ou en phase organique, en utilisant les broyats des feuilles, graines, fruits.

Pour extraire l’huile de Neem, on choisit selon la qualité finale recherchée une pression à froid avec un taux d’insecticide avoisinant les 1600 ppm, ou bien un procédé à chaud mais dont le rendement ne dépassera pas les 800 ppm pour cause de destruction des molécules par chauffage.

Utilisation des parties du Neem dans l’agriculture.

En agriculture traditionnelle, le Neem représente un puissant insecticide avec l’utilisation des feuilles, des graines, de la poudre, et bien entendu des extraits azadirachtine. Les paysans indiens, maliens et africains fabriquent une sorte de purin de plante, en faisant macérer branches et feuilles pendant quelques jours avant d’utiliser cette eau pour arroser les potagers.

L’huile de Neem est utilisée au Canada dans des vergers, des plantations d’épinettes noires, sous forme de pulvérisations. En sylviculture par injection ou pulvérisation d’azadirachtine titrée, pour traiter des plantations de pins, sapins baumiers et thuya.

Qu’en est-il de la règlementation ? Aux USA, l’huile de Neem est qualifiée du statut GRAS (Generally Recognized As Safe) par la FDA. En Australie, Nouvelle-Zélande, Pays du Pacifique, Nouvelle Calédonie … elle est homologuée par les ministères d’agriculture.

Mais en France ?

L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Saisine 17/11/2014) a décidé que dans le cadre de l’épandage de tourteaux de Neem, les évaluations des risques relatives aux utilisateurs et aux consommateurs liés à la présence d’azadirachtine ne pouvaient pas être finalisés, bien que l’exposition des consommateurs semble négligeable …

Donc le Neem n’est pas présumé toxique en agriculture pour certains et reste dans le doute pour d’autres.

Utilisation des parties du Neem comme plante médicinale.

Un antimoustique reconnu, efficace que l’on peut utiliser au travers de plusieurs galéniques contenant l’huile de Neem : des savons, des baumes, des crèmes ou tout simplement des massages avec de l’huile de Neem diluée dans une autre huile plus agréable en fragrance. Un mélange au tiers d’huile de Neem, d’huile d’andiroba et d’huile de jojoba peut être agréable pour la peau et efficace dans son action répulsive.

Il existe également des bougies contenant de l’huile de Neem mais la chaleur détruit partiellement les composants.

Bientôt la rentrée ?

L’huile de Neem mélangée à de l’huile de noix de coco, appliquée en masque sur les cheveux avant lavage, représente un anti-poux parfait.

Plante majeure de la pharmacopée ayurvédique, une vieille coutume recommande d’oindre les jeunes enfants atteints d’éruptions cutanées, de varicelle ou autres affections impliquant des irritations de la peau, avec de l’huile de Neem.

Une précaution par contre, il est préférable de mélanger cette huile à une autre (type calophylle, andiroba, jojoba) à cause de son odeur très pesante.

Un cataplasme de feuilles séchées posées sur des furoncles les libèrera de leurs substances infectieuses. Des tampons d’huile de Neem posés sur des verrues les feront murir et disparaître.

Une infusion de feuilles sèches permet de soigner des brûlures infectées.

Les tanins des bois, racines et écorces macérés dans l’huile, donneraient après filtration des résultats bénéfiques sur les rhumatismes.

Cathy

 

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4 commentaires pour Et si on essayait de faire fuir les piqueurs de l’été ?

  1. Carole dit :

    Merci Cathy pour cette belle découverte.
    Je vais acheter l’huile. Je pense que je peux la mettre dans un diffuseur électrique d’HE, elle ne chauffera pas.
    Bon dimanche 🙂

    Aimé par 1 personne

  2. Agnès dit :

    Je crois Carole que tu ne peux pas t’en servir dans ton diffuseur: c’est une huile végétale ( sous la gouverne de Cathy et Laurence) .
    J’ai beaucoup entendu parler de cette huile , notamment contre les poux, mais je ne l’ai jamais sentie.
    Contre les moustiques, j’utilise l’huile essentielle de Géranium Bourbon, que j’aime particulièrement et que je trouve bien efficace, mais je vais essayer cette huile ci.
    Merci Cathy pour ce très intéressant article.

    Aimé par 1 personne

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